Mikisikwaso, elle coud des perles

Les motifs et les symboles sur les vêtements et les objets de notre peuple, aussi étranges ont-ils pu paraître aux yeux des Européens, étaient pour nous des manières de nous différencier, de marquer notre appartenance à un territoire, à une nation plutôt qu’à une autre.

Les motifs de plantes, d’animaux et géométriques arborés par nos ancêtres étaient à la fois des éléments de notre culture, de notre identité et de notre territoire qui s’entremêlaient dans les symboles graphiques. Puisque la confection d’objets et de vêtements s’inspirait de la nature qui nous entoure, elle dépeignait en quelques sortes le territoire auquel il leur fallait chaque jour s’adapter et dont nous faisons encore partie aujourd’hui.

Retrouver ces motifs, c’est donc retrouver une part importante de notre passé, mais aussi de notre identité actuelle. Les textes sont inspirés de la recherche Le patrimoine graphique anicinabe dans les sources écrites anciennes, que vous pouvez lire ici. Et les images proviennent d’objets anicinabe répertoriés à travers les musées.

Wikwan

Les motifs d’écorce

De nombreux autres objets en écorce de bouleau étaient décorés, ou encore découpés à même l’écorce pour produire une figure. Par exemple, on découpait toutes sortes de figures animales dans l’écorce des arbres pour servir de jouets pour les enfants. Ces figures découpées pouvaient aussi servir de patrons, afin de marquer de manière régulière les motifs sur les paniers ou sur les canots d’écorce.

Autrefois, le marquage des dents sur les fines feuilles d’écorce servait à réaliser des motifs. Une autre technique consistait à gratter le cambium de l’écorce de bouleau, afin de faire ressortir, par contraste de couleurs, les motifs et les figures voulus.

Kawik

Les motifs de piquants de porc-épic

En plus des motifs sur écorce, autrefois les anicinabek décoraient avec des piquants de porc-épic qui formaient des motifs géométriques. Samuel de Champlain a rapporté que le peuple anicinabe était réputé pour l’application sur les robes de longues bandes formées de piquants de porc-épic teints en rouge.

Migis

Les motifs perlés

Le déclin de la décoration avec les piquants de porc-épic a été accompagné par la popularité croissante des tissus et des étoffes décorés de perles de verre, fils de soie et autres ornementations. Ces perles pouvaient être appliquées sur le cuir de fabrication domestique (les peaux boucanées). Il est généralement admis que les motifs floraux « perlés » ont été créés dans le sud du Manitoba par les femmes métisses, puis répandus partout dans le Nord canadien avec la grande mobilité de la main-d’œuvre dans la traite des fourrures au XIXe siècle.

Les motifs floraux en perles de verre ou fils brodés semblaient plus communs dans les communautés situées plus au nord, endroit où les interactions avec le personnel de la traite des fourrures en lien constant avec l’Ouest ont été plus fréquentes et surtout jusqu’à une date plus tardive. Comme pour les articles décorés par les femmes métisses, ceux décorés de motifs floraux par les femmes anicinabek semblent avoir été souvent produits à des fins commerciales.

Ogikotcikan – Les motifs sculptés

Plusieurs types d’objets portant des décorations étaient faites de bois ou d’os : certains étaient sculptés, d’autres étaient gravés. Le monde minéral a aussi servi de support à l’expression graphique, que ce soit sur des petits objets sculptés, comme les pipes ou les pendentifs ou les poteries et les vases.