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8000 ans de vie sur le territoire

Ki minakiniok kitci tacikeotc anicinapek akini. Oki kikentana8a ati eci pitcanik otakimia. Oki kikintana8a sakaikanik pakotinanan mitikon ati eci icinikatenik. Misa i kitakiminan. Enikok8ak kitakiminan nac moniak  ki ici papamatisiok anicinapek, Waswanipi8inik acitc otakimia ici pakweseni. Ojibway acitc atikamek acitc kipi pakwepinikateni.

L’histoire est la petite soeur de la langue. C’est elle qui, depuis 8 000 ans, raconte notre manière de vivre, l’arrivée des Européens, le troc des fourrures, la guerre avec les Iroquois et les Anglais, puis la sédentarisation forcée, les pensionnats, et la perte… Perte des enfants, de la famille, de la dignité, de la langue, de la culture et même la perte de soi-même, dans toute cette douleur. Il y a cette histoire terrible, qui fait de nous des êtres blessés, mais aussi des êtres résilients. Puis il y a aussi cette autre histoire, celle qui a construit l’imaginaire de notre culture, dans notre langue à nous, dans cette manière de penser propre à l’anicinabemowin. C’est l’histoire de la création de la Terre-Mère, celle des premiers Anicinabek, celle qui, parce qu’elle sait désigner les choses, les fait exister du même coup. C’est elle qui explique, au-delà du réel, la relation entre chaque chose, l’influence des êtres spirituels, la magie des pierres de fées et la force de guérison du territoire.

« Weckatc kagi pinabidjitowik, ki wejinaganan, kid ininikiwin ka inabidak tabine kagi ojitowik, tabickot tciman, agim, abwik acitc pakiginekizinan owediwan eta kagibi anomodomak, adisokemagan ocimec nigodin acitc kitci midasomidanan taso pibon oma e tajikewak nid ayanike mocomina ik anicinabe aki kak. »

« Nos artéfacts, nos objets d’art, nos outils façonnés de nos propres mains, dont le canot, les raquettes, les rames et les mocassins pour ne nommer que ceux-là, racontent l’histoire de notre occupation millénaire sur nos territoires ancestraux. »

D’où nous venons

Dans les millénaires précédant l’arrivée des Européens, l’histoire de notre nation anicinabe, comme celle de toutes les Premières Nations, était celle d’une évolution : celle d’une culture, d’une langue et d’un mode de vie bien ancrés, qui s’épanouissent avec le temps. Depuis le début de l’histoire coloniale, celle de notre nation a basculé, comme celle de toutes les Premières Nations, pour devenir l’histoire d’une déconstruction, d’un aller simple vers la disparition.

L’envahissement a d’abord été physique. Nos territoires traditionnels sont devenus des décors pour la traite des fourrures, puis des matières premières pour le développement forestier, agricole, minier, ferroviaire et routier. L’envahissement psychologique a suivi de près, en parallèle, d’abord avec l’arrivée des missionnaires, puis avec la loi interdisant nos pratiques religieuses, les cérémonies et les rites de passage essentiels à notre culture. Ils sont entrés dans nos têtes pour que l’on devienne comme eux, assimilés à leur culture, invisibles dans leur société et, surtout, racistes envers notre propre identité et nos savoirs ancestraux. Enfants dans leurs écoles, séparés de nos pères et de nos mères, nous avons appris à faire disparaître notre culture et notre langue avec les meilleures armes qui soient : la haine et la honte. Ils ont fait de nous des « citoyens responsables », c’est-à-dire « blanchis » dans notre manière d’être et de penser, conformes aux attentes et aux valeurs européennes et canadiennes.

Nos rituels, nos droits, nos institutions, notre économie, tout cela a été affaibli. Nos savoirs ancestraux ont cessé de se transmettre d’une génération à l’autre. Notre langue, notre culture et notre spiritualité ont vieilli en secret avec nos aînés. Avec eux, ils sont devenus faibles, malades, prêts à mourir chacun leur tour.

Où nous allons

Heureusement, les dernières décennies ont vu éclore nombre de réalisations visant à préserver la langue et la culture anicinabek partout sur le territoire. Dans la continuité de ces nombreuses actions locales, Minwashin a émergé. Il était temps que notre histoire quitte le chemin de la disparition et qu’elle puisse à nouveau s’appeler « évolution ». Depuis sa fondation, Minwashin a évolué rapidement. L’initiative a pris soin des malades pour rééquilibrer le cercle qui doit maintenant recommencer à tourner.

Il faut désormais porter un regard vers l’avenir, pour la pérennité de Minwashin et ce qu’elle peut accomplir pour les générations futures. À l’aube de la décennie internationale des langues autochtones, la réappropriation, le maintien, la valorisation et la transmission des savoirs liés à la langue et à la culture anicinabe sont devenus incontournables. Et c’est dans cet esprit de partage que Minwashin aspire à préserver une partie de son héritage anicinabe, tout en honorant la vision du monde transmise par sa langue.

NINAWIT

La série Ninawit, produite par la chaîne régionale TVC9 en collaboration avec Minwashin et Tourisme Abitibi-Témiscamingue, présente l’histoire et la culture anicinabe au fil de rencontres dans les communautés du territoire. L’émission a fait son apparition en onde à l’automne 2019, après deux années de production avec les communautés anicinabek.