Sylvain Papatie et Charlotte Poucachiche sont des artisans anicinabek établis à Lac Simon, où ils partagent leur passion pour la couture et la cuisine depuis plusieurs années. En plus d’enseigner la langue anicinabe aux tous petits de l’école de la communauté, Charlotte prête ses dons de cuisinière à la cuisine collective afin de faciliter des moments de rencontres où la langue peut être parlée et transmise. Sylvain et elle confectionnent des vêtements et des accessoires originaux, dont des mizipizin (porte-bébés en tissu), afin de permettre à leur entourage de porter leur culture dans leur vie quotidienne. Un même souhait les habite, qu’ils aient les mains dans la pâte ou les yeux rivés sur un ouvrage de couture : le couple veut faire sa part dans la transmission de leur héritage culturel.

« Aujourd’hui, je fais ça pour que les gens n’oublient pas leur culture. »

-Sylvain Papatie

Charlotte dit avoir grandi dans une cuisine. Sa mère et sa grand-mère l’amenaient dans les évènements auxquels elles prêtaient leur talent de cuisinières et la petite Charlotte les observait. Lorsque ce fut son tour de porter le tablier, elle devint une « cuisinière communautaire » dévouée. Elle est notamment l’instigatrice de la Popote roulante et de la cuisine collective de Lac Simon.

C’est également par l’observation qu’elle s’initia à la couture. Après le décès de sa mère, Charlotte revisita ses souvenirs et poursuivit son apprentissage par essaies et erreurs. Une nuit, elle fit un rêve qui la bouleversa. Un nourrisson était posé devant elle et se faisait dévorer par les mouches. Charlotte comprit qu’il s’agissait de son petit-fils et, impuissante, elle supplia sa mère de confectionner un mizipizin pour mettre le garçon à l’abri. L’aînée refusa, expliquant à sa fille qu’il était temps qu’elle reprenne le fil de sa culture et qu’elle devienne autonome. Lorsqu’elle émergea de son rêve, Charlotte rassembla son matériel sans dire un mot et se mit à l’ouvrage. Depuis ce jour, la machine à coudre n’est jamais très loin et Sylvain appuie Charlotte dans ses projets. Il réalise les coutures à la machine tandis qu’elle se charge du travail à la main et ensemble, ils forment une équipe soudée.

Sylvain est issu de la communauté anicinabe de Kitcisakik, où il a grandi au son de sa langue maternelle. Il s’est initié à son art dès l’adolescence, au Grand-Lac-Victoria, avant de poursuivre une formation de couture à la machine de trente-cinq heures à Val-d’Or au début de la vingtaine. Ce qui commença par un défi, une manière de prouver ses capacités, donna naissance à une véritable passion qui l’accompagna toute sa vie et lui offrit une avenue pour redécouvrir sa culture. Il eut la piqûre le jour où il comprit l’impact que son travail pouvait avoir sur son entourage : « Ma motivation a changé énormément, dit-il. Je voyais une lueur d’espoir dans les yeux des gens qui me disaient que je faisais bien cela et c’est pour ça que j’ai continué. » Sylvain trouve sa plus grande récompense en voyant les gens de sa communauté porter des vêtements et des accessoires qui célèbrent leur culture.

« Quand je couds, je suis dans mon monde. J’aime que ma femme me dise que ce que je fais, c’est beau, parce que ça m’encourage à continuer et à me perfectionner. Je m’améliore à toutes les fois. »

-Sylvain Papatie

Charlotte et Sylvain acceptent les commandes et offrent leurs services de cuisiniers dans les évènements. Ils confectionnent notamment des mizipizin (porte-bébés en tissu), des chapeaux de bébés, des sacs à mains, des jupes et châles (danse), des vestes à rubans, des vestes polaires à capuchon et font de la broderie.

Photos: Marie-Raphaëlle LeBlond, 2019.

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