Roger Wylde est un artiste accompli de la communauté anicinabe de Pikogan. Sa curiosité et son goût du défi l’ont amené dès sa jeunesse à fouler les planches, faisant de lui un pionnier anicinabe du théâtre professionnel. Roger a exposé ses peintures, a enseigné l’artisanat traditionnel et a participé à la réalisation de quelques films. Sa polyvalence est nourrie par une volonté profonde de porter les valeurs de sa culture et, surtout, de les transmettre. C’est d’ailleurs ce qui l’a motivé à s’investir auprès de la radio communautaire, à Pikogan. En réalisant une pièce théâtrale radiophonique dans sa langue maternelle avec les Productions du Raccourci, Roger met les outils modernes au service de la transmission culturelle. À ses yeux, la connaissance de soi est la pierre angulaire de la création, des arts et de l’identité évoluant en synergie. Tout au long de sa carrière, Roger a ouvert la voie pour la relève, questionnant inlassablement les idées reçues pour faire des arts un milieu plus inclusif et respectueux des valeurs autochtones. Minwashin, dont il est le vice-président et co-fondateur, ne serait pas la même organisation sans son expérience et sa sagesse.

« Il ne faut jamais perdre de vue ce que nos aînés nous ont appris. Nous devons continuer de vivre ce savoir et arriver à nous définir nous-mêmes quand on fait de la création. »

En 1988, Roger se joint à la troupe du théâtre Ondinnok dans Le Porteur des peines du monde. Ses premiers pas dans l’univers du théâtre professionnel se font au rythme de sa voix et du tambour qu’il bat sur les scènes du Québec et de l’Europe. Ce grand voyage lui ouvre les yeux sur un nouveau monde de possibilités, et Roger s’y lance sans hésiter. Ondinnok devient ainsi le point initial d’un cercle de connaissances et d’amitiés qui n’a jamais cessé de grandir, comme les rides s’enchaînent une fois la surface de l’eau percée. Son interprétation de Gabriel Commanda dans Val-d’Or vous raconte son histoire n’a laissé personne indifférent; il reprendra son rôle pour une troisième année consécutive en 2020.

« Dans tout projet, même s’il m’arrive de ne pas savoir où je m’en vais, je plonge. Il ne faut pas avoir peur de l’inconnu. Qu’on réussisse ou non, on en retire une expérience valorisante. Je me fie beaucoup à mes valeurs en tant qu’Anicinabe, en tant que transmetteur de connaissances. »

Selon lui, il est essentiel de connaître son identité et ses origines pour pouvoir être soi-même. Le savoir-être est le cœur vivant d’une culture, le gardien de son authenticité. Sa pratique artistique s’inscrit en droite ligne avec cette philosophie. Selon Roger, l’art ouvre une porte vers la culture et son univers de savoirs, de traditions et de valeurs. Il peut ainsi bâtir des ponts entre les personnes et les cultures, mais également entre soi et son héritage.

Ses enfants sont une grande source d’inspiration pour lui. Lorsqu’il était jeune, pratiquer certains aspects de sa culture était tabou dans sa communauté. Ce qu’il souhaite, c’est contribuer à en faire un objet de fierté et de confiance en soi pour la nouvelle génération. À la manière de son ami Denis Kistabish, qui « ramena le son du tambour dans [sa] vie », Roger ravive le savoir traditionnel anicinabe pour mieux le transmettre à la relève. Il travaille notamment le cuir et le bois, et confectionne des tambours et des vêtements. Il a mené de nombreux ateliers auprès des jeunes, y compris des cours de tannage et de fabrication de tambours.

« Je dis toujours que si tu arrives à maîtriser le savoir du vêtement, le travail du cuir, tu connais ton histoire. Les gens travaillent le cuir comme cela depuis des millénaires. Je me trouve très chanceux d’avoir pu apprendre tout cela auprès de mes parents et des aînés. »

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