Karl Chevrier est un artiste contemporain et un artisan traditionnel accompli de la communauté anicinabe de Timiskaming First Nation. Sa pratique, telle qu’il la décrit, est celle de « la construction de canots d’écorce et tout ce qui en découle ». Unissant tradition et innovation dans des œuvres au message fort, Karl renouvèle son engagement envers les sujets qui lui tiennent à cœur : l’identité, la protection de l’environnement, l’entraide … Karl a l’âme à fleur de peau et est fier de ses couleurs. Son souhait le plus profond est que son travail, ses œuvres d’art comme ses enseignements, puissent servir de repères à ceux qui, eux aussi, suivent le chemin de la guérison. En plus d’offrir des conférences et des ateliers valorisant la prise d’autonomie, Karl ouvre la porte de son atelier à tous ceux qui cherchent à apprendre : « Je ne peux que planter une graine; ce sera à eux d’en prendre soin et de la faire fleurir. »

Pour toutes ces raisons, il a d’ailleurs été nommé Maître de traditions vivantes, par le Conseil québécois du patrimoine vivant en 2024.

« Lorsque je retourne vers ma culture, je peux utiliser la pleine puissance des mots des aînés. Les artistes ont toujours été des éponges de cette façon : quand ils entendent quelque chose, ils l’absorbent. Lorsque des aînés parlent, ils nous transportent au cœur de leur histoire et, en tant qu’artistes visuels, il nous est possible de visualiser leurs mots, de construire dessus et de raconter à notre tour ces histoires : comment nous en sommes arrivés où nous sommes, comment nous avons survécu par nos danses, par nos chansons, par nos tambours et tout ce qui nous connecte de cette façon. [L’art] est un moyen d’exprimer qui nous sommes en tant que Première Nation. Pour moi, c’est un bon outil de guérison. »

Karl réalisa ses premières œuvres d’art au début des années 1990 et son travail se fit rapidement remarquer. Après avoir participé à ses premières expositions et remporté des prix, Karl poursuivit une formation au White Mountain Academy of the Arts, de 1999 à 2002, où l’étude conjointe des approches européenne et autochtone contribua à alimenter ses propres réflexions sur l’art et sur son rôle d’artiste. C’est cependant en dehors des salles de classe qu’il reçut les enseignements qui auront le plus grand impact sur sa vie, artistique comme personnelle. L’apprentissage qu’il fit de la fabrication du canot d’écorce démarra en lui un complexe processus de guérison et de prise de conscience identitaire : « Lorsque je suis retourné voir l’aîné [qui m’avait enseigné], je lui ai demandé : « Que m’as-tu fait?’ Il m’a répondu : ‘Tu marchais à l’aveugle; je t’ai ouvert les yeux. Maintenant tu vois la nature de la façon dont il convient de la regarder : belle, respectueuse. Prends seulement ce dont tu as besoin et enseigne-le. C’est ce que je fais depuis. »

Karl croit que le plus grand pouvoir de l’art réside en sa capacité d’exprimer ce pour quoi les mots manquent : l’art donne à celui qui souffre les outils pour confronter les sujets qui le hantent. C’est en exerçant ce rôle subtil que l’art contribue à dessiner la société de demain.

« Je ne recherche ni la gloire ni la fortune; ce que je recherche, c’est la guérison. »

Karl provient d’une famille nombreuse auprès de laquelle il a développé son sens de l’entraide et de la communauté. Sa mère lui transmit sa créativité, sa sagesse et sa culture. Elle fut une figure clef de son parcours de vie, le pilier sur lequel il bâtit les fondements d’une vie saine. De son père, il apprit la vie en forêt : la chasse, la trappe et la cueillette de matériaux. C’est auprès de cet homme, pour qui un morceau de bois était une sculpture en devenir, qu’il apprit à aimer la forêt pour tout le potentiel qu’elle recèle. Au début de sa carrière d’artiste, Karl visitait les dépotoirs et les poubelles pour y récupérer les morceaux qui accrochaient son regard et auxquels il redonnait vie dans son atelier. La forêt joue un rôle similaire dans sa démarche : pour réaliser une sculpture, par exemple, il ira au bord d’un lac pour collecter de l’argile. Karl aime travailler les matériaux qui viennent ainsi à lui, car en faire de l’art permet de les revaloriser et d’ajouter à leur histoire. La collecte, pour Karl, est aussi significative que la réalisation de l’œuvre elle-même, car il s’agit du moment où on exprime son respect et sa gratitude envers son environnement. Les valeurs anicinabe qu’il apprit de ses parents et de ses aînés lui tiennent à cœur et il se fait un devoir d’en être à son tour le porteur.

« Un arbre n’est plus seulement un arbre lorsqu’il te donne de quoi récupérer des baies, lorsqu’il peut the nourrir, te guérir même. »

Karl se découvrit une passion pour l’enseignement alors qu’il travaillait comme animateur culturel à Obadjiwan (Lieu historique national de Fort-Témiscamingue), à Ville-Marie, où il faisait la démonstration de la construction du canot d’écorce. Un jour où ses doutes le rongeaient, un jeune garçon en visite avec sa classe lui montra qu’il leur partageait bien plus que des techniques d’artisanat. L’élève alla trouver son enseignant et lui demanda : « Pourquoi est-ce que ce n’est pas dans nos livres d’histoire, ça : le respect, le canot et tous les enseignements? » Sa question laissa Karl sans mot. Il prit conscience de plein impact que son travail pouvait avoir sur la jeunesse et lui révéla le chemin qu’il suit encore à ce jour. Karl donne des conférences dans les écoles depuis 2014, dans lesquelles il raconte les embûches et les succès de son parcours. Il reçoit également des groupes dans son studio, où il enseigne l’art par l’expérience. Il espère transmettre des valeurs et des attitudes qui puissent aider les jeunes à se bâtir une vie saine, faite de choix éclairés et délibérés. Il en va, rappelle-t-il, de la santé de notre société et de l’environnement duquel elle dépend.

« Ce serait un monde meilleur, une vie meilleure et il y aurait moins de conflits [si nous pouvions tous faire front commun]. C’est ce à quoi je pense lorsque je fais mon travail : nous devrions toujours être en mesure de se projeter sept générations devant nous. Tout le monde a un rôle à jouer; le miens et de créer et de concevoir et j’espère que mon travail parlera au gens. »

Karl Chevrier présente son projet de sculpture pour la communauté de TFN: une danseuse traditionnelle (2016)

À travers la confection d’un capteur de rêves, les élèves auront la chance de découvrir la légende et la signification de celui-ci.

Clientèle : troisième cycle du primaire, secondaire

Durée : 4 h

Langue : français et anglais

Matériel que doit fournir le professeur : anneau et colle chaude.

Tout au long de l’atelier, Karl informera les jeunes sur le mode de vie ancestrale des Autochtones.  Il transmettra également son respect de la nature, de la Terre Mère et du rapport qu’il entretient avec elle.

Clientèle : troisième cycle du primaire, secondaire

Durée : une journée

Langue : français et anglais

Matériel fourni par l’artiste

En collaboration avec les élèves, Karl fabriquera un canot d’écorce en utilisant les techniques traditionnelles. La classe gardera le canot une fois terminé, une œuvre d’art en soi.

Clientèle : primaire et secondaire

Durée : 2 mois. La fréquence des ateliers en classe sera déterminée avec le professeur.

Dimension : 16 pieds

Matériaux : fournis par l’artiste

Langue : français et anglais

Téléphone

(705)622-3301
tanawta@parolink.net
Aller en haut