« La culture a été l’un des éléments les plus importants de ma vie ; elle m’a aidé à me rendre où je suis aujourd’hui. […] Il y a un dicton dans la langue, mino bimaadizawin, qui signifie « vivre une bonne vie ». C’est ainsi que j’essaie de vivre ma vie. J’essaie de vivre ma vie du mieux possible et si je suis capable de redonner aux gens, aux jeunes, je le ferai. Aider les autres est ma principale motivation. »
Cody a appris la danse par l’observation : il visionnait des vidéos sur Internet et les étudiait attentivement. Seul dans son sous-sol, il visitait les pow-wow des quatre coins du pays, repassant chaque séquence clef en boucle afin de décortiquer et de reproduire la gestuelle des danseurs. Un jour, il prit son courage à deux mains et filma sa propre vidéo avec son téléphone. Il alla la montrer à son père, lequel ignorait tout de la démarche de son fils. Ébahi par la vidéo de Cody, il l’encouragea abondamment à devenir un danseur. Peu après, Cody demandait de l’aide pour confectionner sa toute première régalia et il participait à ses premiers pow-wow.
« Lorsque je danse, j’écoute la chanson et je me sens connecté à elle. Je ressens la musique. Danser, pour moi, c’est un peu comme participer à une cérémonie. Lorsque j’ai terminé, mon esprit semble s’être élevé. Tout d’un coup, je parle davantage, je m’anime. C’est un bon sentiment. »
Cody est très heureux de voir les pow-wow regagner en popularité en dépit de tout ce qui aurait pu mener à leur disparition, car il a foi que les arts et la culture ont un rôle important à jouer dans la guérison de son peuple. Enfant, aucun atelier de danse ne s’offrait dans sa communauté et c’est pour cela qu’il enseigne aujourd’hui : il souhaite donner à la jeune génération l’opportunité d’apprendre. Cody s’implique de plus en plus dans la vie culturelle de sa communauté, car il estime que tous ceux qui veulent danser devraient être soutenus et encouragés. Il a d’abord mis sur pied des ateliers hebdomadaires de danse traditionnelle pour les jeunes, puis on lui demanda d’initier les jeunes au tambour et de partager son expérience des pow-wow. Il a également endossé le rôle de responsable du bien-être culturel et de la santé mentale au Camp Kindasawin à l’été 2019, où il a assisté 25 jeunes de 14 à 17 ans à explorer différents domaines des sciences à la lumière de la tradition et des savoirs traditionnels autochtones.
« L’art est très thérapeutique, que ce soit sur le plan émotionnel, mental ou spirituel. C’est un espace où il est possible de s’exprimer librement. En ce qui concerne la culture, ce sentiment que l’on ressent en dansant ou en chantant, c’est une énergie puissante. Cela aide réellement. Cela m’a beaucoup aidé tout au long de mon rétablissement. »
Tôt dans sa vie adulte, Cody s’est inscrit à un programme de traitement des dépendances intégrant les méthodes de guérison traditionnelles autochtones. C’est durant sa rémission qu’il fut initié à la tente de sudation et à d’autres cérémonies. Le malaise initial passé, Cody se découvrit une intimité renouvelée avec sa culture. Quatre ans plus tard, il remit les pieds au centre où il avait préalablement suivi ses traitements, mais cette fois, à titre d’intervenant. Cette expérience lui sembla surréelle et il est reconnaissant et fier du chemin qu’il a parcouru pour en arriver là. Aujourd’hui, Cody souhaite que son expérience serve à la jeunesse. Il souhaite que son histoire inspire d’autres à chercher la guérison et à ne pas se décourager si cela demande beaucoup d’efforts.
« Il ne dépend que de nous de briser ce cycle. C’est pour cela que je suis devenu un danseur. La culture peut être la voie de la guérison. »
Photos: Marie-Raphaëlle LeBlond