Claudette Happyjack est issue de la communauté crie de Waswanipi. Tôt dans sa vie, elle a répondu à l’appel du voyage. Sa curiosité dévorante et un désir irrépressible d’explorer l’ont amenée à se dessiner un parcours de vie hors de l’ordinaire. C’est durant son passage dans les plaines de la Saskatchewan qu’elle a épousé la peinture, avec laquelle elle renoue depuis son arrivée en Abitibi-Témiscamingue. Ses pas l’ont menée à Val-d’Or en 2016. Elle s’est sentie chez elle à la vue des silhouettes élancées des épinettes noires et a décidé d’y faire son nid. Claudette a rapidement su s’y tailler une place et y laisse déjà sa marque : on peut notamment admirer ses personnages aux traits dansants au parc Bérard, où elle a participé au projet de médiation culturelle « Orignal », lequel a permis la création d’une œuvre collective vibrante. Elle s’implique aussi auprès du conseil administratif du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or. Claudette a maintenant à cœur d’inspirer la jeunesse autochtone à être fière de ses origines et à se tracer un avenir à son image.

« Quand je fais [de la peinture], je suis vraiment moi. J’entre dans mon monde. »

Dans la jeune vingtaine, Claudette ne se voyait pas entrer dans le moule. Tandis que plusieurs s’enracinaient et fondaient des familles, elle a pris la route, à la découverte de l’Ouest canadien. Elle se dit à l’image de ces danseuses aux châles qu’elle aime tant peindre : toujours en mouvement. À la naissance de son fils, elle a senti qu’il était temps de retrouver sa communauté. La jeune mère souhaitait que son enfant grandisse dans sa culture, au son de sa langue. Elle lui a ainsi offert la chance qu’elle n’avait pas eue, ayant grandi en famille d’accueil. Ce fut aussi l’occasion de renouer avec sa propre mère, auprès de qui elle apprit la confection de mocassins et de mitaines ainsi que le perlage. Bien que Claudette ait toujours questionné l’ordre établi, elle se sent proche de sa culture et en est fière :

« J’ai toujours été une personne positive et c’est ce que je veux enseigner aux jeunes : ‘Faites ce que vous voulez faire et ne laissez personne vous décourager. Je veux que les jeunes décollent de leur roche, qu’ils fassent pousser leurs propres ailes et qu’ils s’envolent. Je veux que les Autochtones soient fiers d’être qui ils sont. »

Claudette n’est pas de celles qui se laissent abattre. À son arrivée à Val-d’Or, elle a passé les trois premiers mois dans la rue avant de louer une chambre, puis l’appartement où elle habite aujourd’hui avec son grand garçon de 20 ans. Elle aime son nouveau chez elle, d’où elle peut contempler le coucher du soleil sur les arbres de sa table de cuisine, son atelier. La nature ne cesse de l’inspirer et elle y retourne régulièrement pour se recueillir et reconnecter avec sa créativité.

« La vie est une expérience. Quel que soit le nombre de chemins qu’on emprunte, on finit toujours par apprendre, grandir et se découvrir et ça, c’est important! »

Revue de presse :

Murale à l’école de Val-d’Or (Radio-Canada, 2020)

Projet « Orignal » – Médiation culturelle au parc Bédard (Radio-Canada, 2019)

Profil d’artiste (l’Indice bohémien, 2019)

Photos: Marie-Raphaëlle LeBlond (portrait et toiles), Claudette Happyjack (murale), Daniel Gagné (projet Orignal) et Harrison Happyjack (portrait Orignal), Chantal Gervais (UQAT)

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