« Savoir que je pouvais faire des choses de mes propres mains, ça m’a aidé beaucoup. C’est pour cela que j’espère que d’autres personnes vont se réaliser et vouloir découvrir des choses par eux-mêmes pour s’en sortir. »
Soucieux d’apporter des changements dans sa vie et de regagner sa santé, Alexis se mit au dessin et à la peinture, pour lesquels il se découvrit un talent alors insoupçonné. Il réalisait des logos et des paysages sur des morceau de cuir commercial qu’il vendait aux conseils de bande, aux services de police et à des particuliers. Il développa un intérêt particulier pour le travail du cuir, ce qui l’amena à se faire la main sur ses premiers hochets et tambours miniatures. Alexis progressait rapidement et son entourage appréciait son travail, mais il se sentait limité par ses matériaux : le cuir commercial lui coûtait cher et lui semblait sans vie. Fort de l’expérience d’artisanat qu’il avait acquise, Alexis entreprit de tanner ses premières peaux d’orignal. Il lui fallut alors faire appel à ses souvenirs d’enfance : il reproduisit de mémoire les gestes de son père et de son grand-père, si souvent répétés devant lui alors qu’ils habitaient en forêt et prenaient le petit Alexis avec eux. Avec pour seuls maîtres sa mémoire et son ingéniosité, il fabriqua son tout premier tambour. L’instrument durable au son riche pour lequel il est aujourd’hui connu est le fruit d’années de travail, au cours desquelles il perfectionna ses méthodes au gré d’essais et d’erreurs, explorant différents matériaux. Non seulement l’artisanat lui ouvrit les yeux sur son grand potentiel créatif, sa pratique lui permit de maintenir une étroite relation à la nature, où il peut passer des jours avec pour seule compagnie le calme de la forêt.
« J’aime ça être dans le bois. C’est tranquille, c’est calme. »
L’usage de matières naturelles et les techniques de ses ancêtres sont les piliers sur lesquels il s’est construit comme artisan et il transmet aujourd’hui cette approche par des ateliers à tous ceux qui veulent apprendre. Il souhaite partager son savoir au plus grand nombre et conserve précieusement ses outils dont héritera son petit-fils. L’adolescent apprend auprès de lui depuis son enfance, comme Alexis l’a fait avant lui auprès de son propre grand-père, par l’observation.
« Un jour, dit fièrement Alexis, il va être mon associé. Ce n’est pas fini, j’ai encore un tas de choses à lui montrer! »
Photos: Marie-Raphaëlle LeBlond