Agathe Denis-Damée est une artisane de Senneterre reconnue pour la finesse de ses broderies de perles et l’originalité de ses capteurs de rêves. Élevée en forêt auprès des siens, Agathe est prise à sa famille à l’âge de six ans pour être envoyée au pensionnat de Saint-Marc. L’artisanat lui a offert une voie de guérison, mais aussi un moyen de renouer avec son héritage et de revisiter ses souvenir du « beau temps » où elle vivait en nature. Ses créations, inspirées de sa relation à la forêt, sont les témoins intimes de son attachement pour sa culture. Agathe souhaite aujourd’hui contribuer au bien-être des autres par son implication sociale et son travail d’artisanat. Ses œuvres d’une rare minutie sont en demande aux quatre coins de la province et furent exposées à Montréal lors du festival Présence autochtone. Elle s’investit également auprès du conseil d’administration du Centre d’amitié autochtone de Senneterre.

« C’est une renaissance que j’ai vécue. Je sais que c’est le Créateur qui m’a aidé. »

Agathe est née d’une mère crie de Misswanapi et fut élevée parmi les Atikamekw, dont elle parle la langue. Son grand-père, quant à lui, était issu de la communauté anicinabe de Kitcisakik. Elle passe donc son enfance à se déplacer partout sur le territoire et elle conserve des souvenirs impérissables de sa vie nomade. Sa famille et elle vivaient entièrement de la nature, les saisons dictaient leurs mouvements. Cette période de sa vie demeure sa plus grande source d’inspiration. Elle aime revisiter les lieux de sa vie en forêt, à pied comme en pensées, pour concevoir des œuvres qui soient fidèles à son héritage :

« Quand je fais de l’artisanat, je vais beaucoup dans le bois. Je fais le tour des endroits où je suis déjà allée. C’est inspirant d’avoir grandi dans le bois, ça ne s’oublie pas ça. Je me trouve chanceuse d’avoir été élevée en forêt. »

Agathe se réveille un matin après avoir fait un rêve d’une rare limpidité : en rêve, elle avait tressé un capteur de rêve qui imitait le motif d’une toile d’araignée. Sitôt levée, elle attrape son matériel et réalise un capteur à l’image de celui qu’elle a vu en rêve. On peut encore reconnaître son travail à ce tressage unique qui témoigne de la créativité de son approche et de la profondeur de son lien à la nature.

Agathe est une femme curieuse qui aime apprendre de manière autonome. Elle apprit l’artisanat par l’observation et l’expérimentation dès l’enfance, mais ne s’y remit sérieusement que bien plus tard, à la vie adulte. Reprendre l’artisanat eut l’effet d’une thérapie et l’aida à se remettre de ses problèmes de dépendance. Lorsqu’elle confectionne des bijoux, des mocassins ou des capteurs de rêves, Agathe sent qu’elle renoue avec son identité et elle se sent bien. En éveillant les souvenirs de son enfance en forêt pour en infuser ses créations, Agathe fait doucement la paix avec son expérience du pensionnat. Aujourd’hui, elle partage son savoir-faire avec sa communauté par des ateliers. Chacune de ses créations est empreinte de ce même désir de s’investir positivement auprès des autres :

« Je pense à ce que je fais et à ceux qui vont le recevoir et qui seront contents. Je mets beaucoup d’énergie là-dedans, des bonnes choses, des bonnes pensées, des énergies. »

Agathe accepte les commandes et offre des ateliers aux adolescents et aux adultes. Il est possible de la rejoindre par l’entremise du Centre d’amitié de Senneterre. Si elle ne répond pas, c’est qu’elle est en forêt!

Photos: Marie-Raphaëlle LeBlond

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