« Anicinabemoan. J’aimerais que les gens comprennent, mais aussi qu’ils pratiquent la langue à la maison. […] Il y a d’autres communautés qui sont anicinabe, mais qui ne pratiquent pas leur langue. J’aimerais impliquer d’autres jeunes aussi. Il y a des jeunes qui ont du talent, qui aiment la musique et qui veulent en faire. »
Ivan Pascal chante en s’accompagnant de sa guitare, mais il sait aussi manier la guitare basse et le piano. Il s’est initié à la guitare après avoir découvert, chez sa cousine, un instrument délaissé dont il se saisit, fasciné par toutes les possibilités de sons qu’il offrait. Plus tard, il tomba sur un recueil de tablatures et s’en servit pour s’enseigner les bases. Son intérêt se mua en passion à l’adolescence et cette passion donna naissance, plus tard dans sa vie, à une mission. Ivan Pascal souhaite utiliser ses dons de musicien pour mettre sur pied des projets qui mobilisent les membres de sa communauté, mais aussi pour créer des chansons qui rejoignent l’ensemble des communautés anicinabe et qui les aident à pratiquer la langue au quotidien.
« [Jouer de la musique], c’est thérapeutique pour moi. »
Ivan Pascal réalisa ses premières compositions dans la vingtaine, en langue française, essentiellement pour divertir son entourage. Sa musique, observa-t-il, touchait les siens plus profondément qu’il ne l’aurait cru. La musique lui procura un moyen d’expression fort : il se sentit capable, grâce à elle, d’aborder les maux qu’il observait autour de lui. Sa communauté lui suggéra d’écrire des chansons en langue anicinabe et lui donna du soutien quand le doute s’installait, et quand les mots lui manquaient, il trouvait toujours un aîné à qui demander. Au début, il se sentait maladroit avec la langue, il cherchait ses mots, mais il persévéra. Lorsqu’il observa la réaction de son entourage à son travail, l’émotion que ses chansons en langue anicinabe soulevaient, il prit confiance. Il composa sa première chanson en langue anicinabe, Moshum (grand-père), en 1992. Par la suite, il composa plusieurs titres destinés à faire réfléchir la jeunesse. Aujourd’hui, Ivan Pascal cherche plutôt à écrire des chansons sur les pratiques culturelles anicinabe afin de les documenter et de montrer leur beauté.
« Ce sont des choses que l’on pratique, mais que les jeunes sont de moins en moins motivés à faire. Ces pratiques sont en train de s’oublier… surtout la trappe. »
Pour composer sa musique, Ivan Pascal rassemble les membres de sa communauté et fait appel à leurs souvenirs, il tend l’oreille à leurs soucis et à leurs idées. La musique, c’est comme le savoir culturel : l’expérience ne prend son plein sens que lorsqu’elle est partagée, transmise.
Ivan Pascal poursuit, depuis l’automne 2019, une formation professionnelle en traitement des minerais. Parallèlement à ses études et à sa vie de père, il travaille à rendre la musique plus accessible aux jeunes de Lac-Simon. « Il faut d’abord essayer, toujours! »