« J’aimerais voir la jeune génération apprendre ce type de métier. Je pense qu’il est important qu’ils apprennent, car, un jour, je ne serai plus et qui poursuivra le travail? Les jeunes! »
Hank s’initie à l’artisanat anicinabe dès sa tendre enfance par le travail de l’écorce. Élevé en forêt avec ses grands-parents, il a souvent eu l’occasion de les observer à l’œuvre : sa grand-mère fabriquait des paniers et son grand-père, des canots miniatures. Ils l’invitaient à s’asseoir près d’eux et il suivait leurs mains des yeux avec attention. Hank est adulte lorsqu’il reprend le fil de leur travail, mais il peut se remémorer sa grand-mère gratter l’écorce pour y tracer des motifs. Il a enseigné ces mêmes techniques dans des ateliers à de multiples occasions et les motifs de sa grand-mère, mis à sa main et reproduits maintes et maintes fois, décorent toujours ses paniers d’offrande.
« Lorsque je retourne à Winneway, lorsque je vais sur le lac, les souvenirs me reviennent. Je revois où j’ai grandi et où j’étais avec eux, mes grands-parents, et c’est exactement comme si c’était hier ou le jour d’avant. »
Au fil des années, il explore toutes sortes de matériaux et de techniques : la conception de capteurs de rêves, la sculpture sur pierre à savon, la confection de tambours, la gravure sur panache d’orignal, etc. Un jour d’hiver, sa mère lui demande son aide pour coudre quelque chose. Hank est tout de suite intéressé et la couture lui est venue très naturellement. Il se met à la conception de robes, de mukluks et de vestes de cuir, qu’il décore de broderie et de perles.
Encore à ce jour, Hank reprend ses ouvrages d’artisanat aussitôt qu’il rentre du travail et il peut s’activer sans bruit jusqu’au cœur de la nuit. Il aime le détail et le réalisme. Il brode les animaux et les motifs végétaux tel qu’il les observe en forêt. Cette année, Hank souhaite construire son premier grand canot d’écorce et s’initier à la fabrication du tikinagan (porte-bébé), qu’il imagine déjà décoré de ses motifs de perles caractéristiques. L’artisanat comble son besoin de calme et de beauté et relever ces subtils défis le rend très fier. Ce qui fait sa plus grande joie, cependant, c’est de pouvoir transmettre son savoir à sa fille, qui reprend doucement le flambeau.
Photos: Marie-Raphaëlle LeBlond