Fabienne Théoret-Jerome est une jeune artiste anicinabekwe du Lac Simon dont les crayons n’ont jamais cesser de danser depuis qu’elle sait les tenir. Elle dessine tout le temps, partout, et traîne toujours un carnet dans ses poches — parce que le monde bouge vite, mais l’image peut tout capter, tout retenir et tout dire.
Illustratrice, graphiste, activiste malgré elle, Fabienne crée pour montrer les Anicinabek tels qu’elle les connaît : multiples, expressifs, drôles, émotifs, complexes. Très loin de l’image figée, stoïque ou unidimensionnelle qu’on colle encore trop souvent aux peuples autochtones.
« L’existence autochtone, c’est déjà une façon de se rebeller », dit-elle. Et dans son art, cette rébellion prend des couleurs vives, des visages singuliers, des émotions franches. Son objectif : déconstruire les représentations monolithiques, offrir des miroirs dans lesquels les jeunes Anicinabek peuvent se reconnaître autrement. De manière plus juste et joyeuse.
Née d’un père allochtone et d’une mère anicinabe, Fabienne reconnecte peu à peu avec ses racines — en particulier par le territoire et la langue. Le bois, où elle aime se ressourcer, devient un lieu de mémoire, d’apaisement, de réconciliation intérieure.
Parmi ses réalisations marquantes, elle signe les illustrations du livre Odibi, qui retrace l’histoire des familles du Lac Simon. Elle a participé également au projet MADAMIKANA – la croisée des chemins – un projet de médiation artistique porté par Minwashin pour reconnaitre et célébrer la présence millénaire des Anicinabek grâce à 6 œuvres d’arts permanentes publiques installées aux quatre coins de l’Abitibi-Témiscamingue.
Rieuse, lucide, allumée, elle dessine parce qu’elle veut être comprise. Et en chemin, elle change la façon dont on voit le monde.