« Nous, [les Anicinabek], sommes très visuels. C’est comme ça que l’on apprend. Il faut voir, il faut pouvoir toucher, il faut répéter et c’est comme ça que je travaille avec mes groupes. J’aimerais que les jeunes essaient de parler chaque jour un petit peu la langue. »
Virginia a fait ses études pour devenir enseignante à Rouyn-Noranda. L’été, elle suivait les formations en enseignement données dans sa communauté par l’Université du Québec à Chicoutimi. Elle développa vite un vif intérêt pour ce domaine et suivit plusieurs ateliers de perfectionnement tout au long de sa carrière d’enseignante. Selon elle, comprendre les mécanismes de la linguistique et les fondements de la didactique des langues est nécessaire pour tout professeur travaillant avec des jeunes Autochtones.
Au moment d’entrer à l’école, Virginia ne parlait que l’anicinabe. Elle vécut le début de sa scolarisation comme un choc : elle ne comprenait pas ce qui se disait en classe et les leçons n’étaient pas conçues pour valoriser les mécanismes d’apprentissage dans lesquels elle baignait depuis sa naissance. Elle réussit néanmoins ses études, mais dit ne jamais avoir été « faite pour l’école ». Il faut aussi dire que Virginia n’est pas de ceux qui se contentent de demeurer assis à un bureau, et durant toute sa carrière, elle chercha l’action et fut l’instigatrice de nombreuses initiatives et réformes.
Virginia a réalisé deux mandats de direction auprès des écoles primaire et secondaire de Lac-Simon, après quoi, en 2010, elle prit en charge le poste de coordinatrice en langue et culture qui venait d’être créé. Elle réalisa un premier lexique alphabétique de la langue anicinabe, puis de nombreux outils pédagogiques afin d’appuyer les enseignants. En élaborant ces outils, Virginia souhaitait les inviter à adapter leur manière d’enseigner à la culture anicinabe et ses façons de faire. Elle souhaite que les jeunes Anicinabek qui entrent aujourd’hui à l’école puissent recevoir le soutien pédagogique et humain dont ils ont besoin pour s’épanouir dans leurs études.
La langue et la culture anicinabe ont toujours eu une place prépondérante dans la vie de Virginia et elle nourrit le projet de publier une première œuvre littéraire. Elle résume son parcours remarquable non sans une note d’humour :
« J’ai été enseignante, j’ai été directrice d’école et puis j’ai été coordonnatrice en langue et culture. J’essaie le plus possible de garder la langue, c’est ça que je fais. J’aimerais bien être autrice, mais je suis trop… short and sweet! »