Rosalie est une jeune femme de la communauté de Pikogan. Toute jeune, elle ressent déjà un grand intérêt pour l’art, sans savoir encore exactement comment celui-ci la mettra en contact avec sa culture et l’enseignement de ses ainés. 

Elle fait son secondaire en concentration art et poursuit son Cégep à Montréal, toujours en art pour ensuite poursuivre son Université à Québec en Arts visuels et médiatiques. 

«Peu importe la direction qui sera devant moi, elle sera guidée par l’art.» 

Pour elle, tout son apprentissage académique a été beaucoup plus facile en passant par la créativité artistique. 

Après le départ de son grand-père, Rosalie sent l’urgence de reprendre le lien avec sa culture et de recevoir tout ce que peut lui transmettre sa kokom, Julie Mowatt. 

«Entendre parler ma kokom de la culture me ramène à mon identité.» 

Et c’est à partir de ses récits qu’elle se sent inspirée pour des projets artistiques, qui deviennent beaucoup plus symboliques et font tout leur sens dans sa démarche identitaire. 

« Je trouverais triste que ces souvenirs soient perdus, puisqu’ils (ma famille) sont dans ces souvenirs. Et pour moi, c’est la forme de transmission orale, d’avoir ce temps avec ma kokom, qui me touche et me permet de documenter notre histoire. » 

Rosalie se questionne, de père autochtone et mère allochtone : où est ma place ? Ai-je le droit ? En plus des transmissions de sa kokom elle fait des recherches, s’intéresse à la poésie autochtone et la vie la mène aux œuvres de Naomi Fontaine, qui devient pour elle une source d’inspiration. 

Les œuvres de Rosalie deviennent par le fait même une poésie vibrante visuellement, avec une grande symbolique culturelle. Comme l’œuvre qu’elle a produite à la suite d’une invitation de Femmes autochtones du Québec, un appel de projets pour représenter le drame des femmes disparues et assassinées. Pour ce volet introspectif et cette quête d’informations, elle a partagé les connaissances de sa kokom.  

« Ça me pousse à vouloir en apprendre davantage sur ma culture, l’histoire de ma famille, de ma communauté. »

L’œuvre en question a été exposée à l’Hôtel-Musée Premières Nations, à Wendake et est maintenant au Musée ilnu de Mashteuiatsh. Elle révèle une chute de rubans rouges de différentes dimensions où, à chaque extrémité, ont été accroché des clochettes, clochettes que l’on retrouve sur la regalia des jingle dress (robe à clochettes). Dans chacune de ces clochettes se trouvent le nom d’une femme autochtone disparue.

Pendant cette démarche de création, Rosalie confie : « J’avais 98 clochettes devant moi, par terre dans un amas, avec des noms de personnes, des noms de femmes dedans qui ont eu une vie, qui ont encore une histoire de vie malgré leur disparition. C’est tellement plus concret et bouleversant que de voir des noms sur une liste ! »  

« Ce n’est pas “juste” une femme disparue, mais elle a une histoire qui s’arrête. »  

D’autres œuvres ont suivi et il y en aura bien d’autres encore, inspirées des rencontres avec sa kokom et avec sa communauté, qui sont très présents pour l’encourager et la supporter dans tout son processus artistique et d’apprentissage.  

Rosalie se démarque déjà avec son talent, son humilité et son impressionnante maturité. Elle a encore beaucoup à apprendre et explorer, selon elle, mais bien curieuse de voir ce que l’avenir lui réserve.

Rosalie fait partie de notre relève de porteur culturel et nous en sommes fiers.

 

Articles de presse :

L’Indice bohémien – 30 mai 2023

Publication Instagram de Femmes autochtones du Québec – 4 octobre 2023

TVA Nouvelles – 4 octobre 2023

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