Le père d’Élisabeth quitta Mistassini pour trouver du travail à l’usine de sciage de Senneterre, où naquit et grandit la petite Élisabeth. Partout, les nations autochtones voyaient leur mode de vie transformé à jamais et la famille d’Élisabeth était au cœur de ces grands bouleversements. Enfant, elle observait sa sœur s’affairer au perlage tandis que sa mère confectionnait des couvertures, mais c’est seulement une fois adulte qu’Élisabeth développa sa propre pratique. C’est grâce à son travail créatif qu’elle arriva à laisser les sombres souvenirs du pensionnat derrière elle.
« Ça me garde plus forte, aujourd’hui, quand je fais mes affaires d’artisanat. »
Lorsqu’on entre chez Élisabeth, on a l’impression d’atterrir au milieu d’un nid coloré. Chaque coin de la maison offre aux visiteurs quelque chose à observer : capteurs de rêves de toutes les tailles, collections de plumes naturelles, cuir odorant, contenants de perles aux couleurs vibrantes, panaches et autres matériaux de la forêt. Travailler avec ce qui provient de la nature a un effet thérapeutique, selon Élisabeth, et elle adore le jeu créatif que ces matériaux lui inspirent. Elle s’entoure de ces éléments qui l’apaisent, créant ainsi un espace où elle peut plonger dans son travail et perdre toute notion du temps.
L’artisanat lui a permis de découvrir son plein potentiel et d’ainsi redéfinir qui elle était librement. Chacune de ses œuvres est le fruit d’un long voyage intérieur et elle met un peu d’elle-même dans chacune d’elles. Elle affectionne particulièrement les symboles de l’ours, auquel elle s’identifie, de l’aigle et du hibou, et on les retrouve dans la plupart de ses créations : griffes d’ours, aigles brodés de perles, plumes de hibou… Lorsqu’elle n’est pas occupée à terminer une commande, l’artisane chevronnée partage son savoir par des ateliers de confection. Elle expose aussi régulièrement à différents évènements et dans plusieurs salles d’exposition.
Photos: Marie-Raphaëlle LeBlond