« Je suis frenglish, à moitié Québécois, à moitié Indien et Franco-ontarien. Il y a tous ces mondes-là et je suis au milieu. Je cherche à voir l’humanité entre tous ces groupes culturels, identitaires et nationaux pour aller au-delà par l’humour. […] Culturellement, ici [chez les Anicinabek], il faut être drôle. L’humour, c’est culturel, puis c’est aussi rassembleur. C’est cela que je veux : voir notre humanité. »
Dès l’adolescence, Dominic se révèle d’une nature curieuse; il pose beaucoup de questions et ne se satisfait pas des réponses brèves, simplistes. C’est à l’école secondaire qu’il a la piqûre pour les arts et cette passion le mènera à poursuivre ses études en arts visuel à l’Université d’Ottawa, où il précise ses goût et affute sa pensée critique. Il se trouve particulièrement influencé par le mouvement Dada, le Ready-Made et l’œuvre d’artistes conceptualistes tels John Cage. Il est énergisé par le courage de ces artistes, qui explorent en dehors des marges du convenu, qui osent aller à contre-courant pour faire avancer l’essence même de l’Art. Aujourd’hui, Dominic « cherche à synthétiser sa connaissance de l’art autochtone avec de nouveaux médiums afin de redéfinir la substance du vocabulaire esthétique de l’art anicinabe contemporain. » Lorsqu’il a une nouvelle idée, il se plaît à expérimenter avec elle, à explorer jusqu’où il peut la pousser avant d’en faire trop. C’est en cherchant à voir « juste un peu en dehors de cette boîte » qu’il dit pouvoir se libérer des contraintes et trouver le juste équilibre. Ce faisant, il cherche à révéler ces frontières autrement invisibles qui séparent ce qui est et ce qui pourrait devenir, entre ce qui est attendu et l’inimaginable, lesquels se côtoient inévitablement en un point clef aussi fluide qu’évasif.
« J’ai une tendance à tout déconstruire. Je suis constamment en train de tout questionner. »
Son art est presque toujours drôle; c’est sa manière d’aborder des sujets et des questions complexes sans se prendre trop au sérieux. Sa devise, résolument ancrée dans l’ère numérique, témoigne de sa démarche unique et innovante : « Recherche, remixe, répète. »
Chaque fois qu’il expose une œuvre, Dominic a le sentiment de libérer une créature vivante : il observe avec intérêt l’interaction qu’elle aura avec les gens qui la visitent. Dominic ne cherche pas à plaire, pas plus qu’il cherche à déplaire, mais il espère ouvrir un dialogue, sans lequel son art n’aurait plus de finalité. L’échange est une étape charnière de son processus créatif et c’est dans cet esprit que l’artiste a participé à plusieurs projets de co-création et de résidences artistiques partout au Canada et, plus récemment, à Haifa, en Israël.
Dominic s’épanouit également par la musique, laquelle lui permet d’étancher son intense soif d’apprendre et d’expérimenter. Il s’initia à la musique électronique à Montréal, alors qu’il travaillait pour une entreprise de location d’instruments de musique. Chaque week-end, il se faisait un point d’honneur de rapporter un instrument différent à la maison et d’enregistrer quelque chose, sans juger de la qualité du résultat. De cette, façon, une semaine et un instrument après l’autre, il s’enseigna l’échantillonnage sonore, le mixage et l’enregistrement. Bien qu’elle lui coûta une relation amoureuse, cette démarche lui permit d’accroître son champ d’expertise et d’acquérir des outils qui lui permettent aujourd’hui d’exploiter de nouvelles dimensions de sa créativité.