« Maintenant que je sais qui je suis, ce que je suis, et je suis fière de le dire : je suis autochtone. Je veux maintenant aider, rendre un peu de ce qui m’a été donné. »
Marilyn pratique un grand nombre de cérémonies différentes. Elle organise une cérémonie de Pleine Lune pour les femmes qui en ressentent le besoin à chaque mois où cela est possible; elle mène et enseigne les cérémonies de l’eau et des baies et accompagne des groupes pour le jeûne en forêt. Elle continue également de voyager sur le territoire pour parfaire sa propre connaissance. Elle a également aménagé, avec l’aide de son époux, un lieu à Timiskaming First Nation où elle reçoit les gens de sa communauté et de l’extérieur pour des cérémonies, des festins et des évènements culturels. Elle garde toujours son matériel didactique à portée de main et est toujours partante pour chanter une chanson, qu’elle accompagne au tambour. Elle visite régulièrement les écoles et les centres de petite enfance autochtones et allochtones de la région pour transmettre des enseignements. Selon elle, une partie du chemin de la guérison est partagé par tous et c’est par l’éducation et le partage que nous arriverons à atteindre la compréhension et le respect mutuel.
« J’ignorais qu’il existait des cérémonies pour la Lune. Je me suis toujours adressée à elle; je communique avec elle depuis que je suis enfant, mais je n’avais aucune idée qu’il y avait des cérémonies de pleine lune! »
Marilyn a vécu son enfance à une époque où la culture anicinabe était nommée à demi-mots. Elle apercevait parfois son père utiliser la sauge pour se purifier, mais jamais on ne lui expliqua ce que cela signifiait, ni que ces pratiques faisaient partie de son héritage. Elle ne comprit d’ailleurs qu’à l’âge adulte la raison pour laquelle sa grand-mère, qui ne fumait jamais, conservait toujours du tabac sur elle. Tout était tabou, cloisonné dans la peur et le trauma laissé par la répression et les pensionnats. C’est donc en faisant son entrée à l’école, à Notre-Dame-du-Nord, qu’elle prit conscience de son identité autochtone pour la première fois. Ce jour-là, Marilyn s’enfuit de la cour d’école et courut jusque chez elle : les autres enfants refusaient de jouer avec une « sale Indienne sauvage ». Cette expérience pesa sur le cœur de la petite Marilyn pendant de nombreuses années, mais cela ne suffit pas à éteindre sa volonté d’apprendre et de s’épanouir.
Marilyn a toujours eu à cœur de poursuivre ses études et elle détient une formation en travail social et en études autochtones de l’Université de Sudbury. Ses études eurent l’effet d’un « nouveau départ ». En classe, lors de sa première session, un professeur fit jouer une vidéo sur la crise d’Oka. Marilyn fut profondément bouleversée par ce qu’elle vit : elle y reconnut même des membres de sa parenté et n’arrivait pas à croire qu’elle ignorait tout de la situation des siens. Elle demanda l’aide d’un conseiller, lequel l’orienta vers le Centre d’amitié autochtone de Sudbury. Le mercredi suivant, Marilyn prenait place dans un de leurs locaux pour la rencontre hebdomadaire du Cercle des femmes. Marilyn s’y découvrit une communauté et y retourna régulièrement. Tout ce que le Cercle lui enseigna de la médecine traditionnelle et de la spiritualité autochtone avait l’effet d’un baume; jamais elle ne s’était sentie autant à sa place. Peu après, elle accepta un emploi de chef cuisinière au Pavillon de ressourcement [Healing Lodge], sans savoir qu’elle y trouverait le chemin de sa propre guérison. C’est là-bas que Marilyn s’initia à la guérison traditionnelle et qu’elle découvrit le pouvoir salvateur de la culture et de la spiritualité. C’est cela qu’elle s’applique aujourd’hui à transmettre au siens.
Marilyn souhaite partager son savoir à d’autres communautés. Elle aimerait voyager davantage sur le territoire et y répandre les semences d’un avenir plus heureux et sain pour tous.
Voir aussi: La grand-mère de Timiskaming First Nation
Photos: Marie-Raphaëlle LeBlond